Pensées spirituelles

A la demande de sœur Marie du Saint-Esprit, le chapelain met en ligne chaque semaine une synthèse de la pensée spirituelle qu’il a développée dans l’homélie du jour (improvisée).

Dimanche 17 janvier 2021, Les noces de Cana

Mon heure n’est pas encore venue. L’heure de Jésus est le moment où se réalise définitivement l’œuvre pour laquelle il a été envoyé en ce monde par son Père, à savoir la victoire sur Satan, sur le péché et sur la mort. Dieu le Père, maître de l’histoire, fixe cette heure. Précipiter cette heure serait folle prétention de substituer nos vues trop humaines à l’éternelle Sagesse. C’était déjà la seconde tentation du Démon. La réponse de Jésus nous apprend à entrer dans la mesure et le temps de Dieu. Et pourtant Marie dit : ils n’ont plus de vin. Par ces quelques mots la mère de Jésus incline le cœur de son fils, Fils de Dieu. L’heure du vendredi Saint est comme anticipée par ce premier signe, ce premier miracle. Marie, par ces quelques mots, hâte l’avènement du Christ. À Cana, Marie est la vivante preuve que la foi avance l’heure du salut.

Dimanche 22 mars 2020, Les paroles effacées de Jésus à l’heure du Covid-19.

Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps, Mt 10, 28.


Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera, Mt 16, 25.


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Dimanche 1er septembre 2019, Líttera enim occídit, spíritus autem vivíficat.

En effet la lettre tue, mais l’esprit vivifie (2 Co, 13).

C’est saint Paul qui parle, en juif zélé terrassé par Jésus.

Il connaît bien l’ancien Testament. Mais, après sa conversion, il l’interprète à rebours : la Parole de Dieu peut devenir une lettre qui tue. Il parle d’expérience puisqu’il a gardé, jeune homme, les habits de saint Étienne pendant que les siens le lapidaient au nom de la loi mosaïque.

Allons plus loin. C’est au nom de la même interprétation littérale que Jésus a été condamné à mort. Lui, le Fils de Dieu fait chair, la Parole par excellence, a été crucifié pour avoir blasphémé. La loi que Dieu a gravée en lettres sur la pierre au Sinaï s’est comme retournée contre le Christ.

Mais la résurrection triomphale du Seigneur a rétabli le sens profond de la Parole de Dieu. La lettre tue, l’esprit vivifie.

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Dimanche 2 juin 2019, Sursum corda.

Jésus est monté au ciel : trouble sur la terre, nous sommes orphelins.

Que nos pensées soient fixées où sont les vraies joies : monter au ciel par le coeur aujourd’hui et un jour nous le suivrons aussi par le corps.

Mais si nous montons par nos propres forces sans les mérites de notre sauveur, nous montons par orgueil. C’est tenir notre cœur en haut mais détaché de Jésus.

Sursum corda, haut les cœurs, près de Dieu, c’est tenir son cœur en repos, le fixer où sont les vraies joies.

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Dimanche 12 mai 2019, Modicum, un peu…

Un peu de temps et vous ne me verrez plus […] car je vais au Père (Jn 16, 16-22).

Que signifie ce « un peu » ?

Les disciples ne comprennent pas : ils sont plongés dans l’éphémère, dans l’instant ; Jésus, lui, transcende le temps. Il embrasse le in principio erat Verbum, son entrée dans le temps lors de son Incarnation, son heure – c’est à dire sa passion et sa mort -, l’heure de sa victoire sur la mort, mais aussi son entrée dans la Gloire et le jour prochain de sa visite, à la fin des temps.

Le « un peu » de temps est un temps d’attente qui s’étire, mêlé de tristesse et de joie pour nous. C’est un temps de nécessaire séparation pour aiguiser notre désir d’éternité.

L’éternité est ce temps suspendu pour toujours durant lequel nous verrons Dieu, une éternité de joie que personne ne pourra nous ravir.

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Dimanche 5 mai 2019, dimanche du Bon Pasteur, deuxième après Pâques

Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent comme mon Père me connaît et que je connais mon Père (Jn, 10, 14-15).

Cette connaissance réciproque entre le Bon Pasteur et ses brebis prend modèle sur la relation entre les deux personnes divines, le Père et le Fils. Qui mieux que le Père connaît le Fils ? Et qui mieux que le Fils connaît le Père ?

Jésus, le Bon Pasteur, nous connaît avec toute la bienveillance et la bonté divine. Cette bonté va jusqu’au bout du possible : donner sa vie pour chacune de ses brebis qu’il connaît par son nom.

Quand l’une prend un chemin d’errance, il ne ménage pas sa peine et va à sa recherche. Il a le souci de toutes et de chacune avec la même attention que son Père envers lui et que lui envers son Père.

Notre relation à lui repose sur le même fondement. Le savons-nous ?

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Dimanche 28 avril 2019, dimanche in albis ou de Quasimodo

Tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Et telle est la victoire qui a triomphé du monde : notre foi (1 Jn, 5, 4).

Cette foi, les disciples l’avait perdue au moment de la passion de leur Maître : ils ne croyaient plus que Jésus est le Fils de Dieu après sa mort sur la croix. L’abaissement de la croix est le scandale sur lequel ils ont trébuché.

Mais Dieu a ressuscité Jésus des morts le troisième jour et il a été vu de ses disciples : il est apparut au milieu d’eux. Il leur dit : ego sum, c’est moi ! ne craignez pas. Ce ego sum indique qu’il est Dieu…

Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi, touchez et voyez, un esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j’en ai (Lc 24, 36 et s.).

Mais dans leur joie, ils ne croyaient point encore… Thomas n’est pas le seul incrédule. Ne faisons-nous pas partie de ces esprits lents à croire comme les disciples ?

Ne sois plus incrédule mais fidèle […] parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru ; heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! (Jn, 20, 30).

La victoire qui a triomphé du monde, c’est notre foi.

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Dimanche 7 avril 2019, dimanche des Rameaux

L’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, la cité sainte, repose un quiproquo.

La foule versatile proclame avec des palmes le libérateur ; Jésus annonce sa victoire sur la mort et la mort du péché.

La foule en liesse se presse pour voir le roi des juifs ; Jésus anticipe son entrée dans la gloire, dans la Jérusalem céleste, par son ascension.

La foule d’un moment croit tenir celui qui boutera hors de la cité terrestre l’occupant ; Jésus annonce le renversement du Prince de ce monde, de L’Antechrist servi par les puissants du moment.

Sommes-nous de ce peuple qui fera l’objet des impropères ? Ou sommes-nous de ceux qui reçurent le Christ-Sauveur pour ce qu’il est ? C’est ainsi que le drame se noue autour de celui qui s’est abaissé et s’est fait l’un de nous : Il mourra pour nous et notre salut hors de la cité sainte qui le proclame roi d’un jour.

Elevamini portae aeternales et intoibit Rex gloriae (psaume 23).

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Dimanche 7 avril 2019, dimanche de la Passion / Antequam Abraham fieret, ego sum.

Jésus, dans cet extrait de l’évangile de saint Jean (8, 46-59), assume la contradiction : il contredit les puissants religieux du moment.

Il dévoile qui il est : le fils de Dieu envoyé par son Père. Le « ego sum », je suis celui qui est, le nom divin par excellence, déstabilise leurs certitudes et leurs stratégies de pouvoir.

Jésus focalise leur haine grandissante jusqu’à devenir le bouc émissaire qu’il faut expulser hors de l’enceinte de la cité.

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Dimanche 24 mars 2019, troisième de carême / Vivo ego dicit Dominus, nolo mortem peccatoris, sed ut magis convertatut et vivat (antienne de Prime durant le carême). Cette citation d’Ezéchiel est l’un des fils conducteurs de ce temps de Carême.

Vivo ego… C’est le jaillissement de la vie en Dieu, « Aujourd’hui je t’ai engendré » du psaume, c’est la création relatée dans le livre de la Genèse, un don gratuit, surabondant, une eau féconde.

Nolo mortem peccatoris, je ne veux pas la mort du pécheur, le péché conduit à la mort, il est mortifère, il apporte la mort par assèchement, c’est une altération.

Sed ut magis convertatur… Dieu veut que nous nous détournions du vide abyssal, que nous revenions à lui. Nous sommes comme Jacob, nous luttons avec l’ange toute la nuit, nous luttons contre Dieu lui-même. Dieu se manifeste sous la forme d’un ange. Jacob avec fougue et violence combat avec toute sa force physique. L’ange le contient avec douceur. Jacob combat contre lui-même. La puissance de Dieu est patiente. L’ange déboite à l’aube la hanche de Jacob. Faiblesse de l’homme qui met sa confiance en lui-même en voulant vainement faire plier l’ange de Dieu. Mors et Vita duello (hymne Victimae pascale laudes).

Et vivat… et qu’il vive ! Dieu veut que nous vivions, que nous rendions nos armes, que nous baissions la garde. Alors nous pourrons puiser avec joie aux fontaines du Seigneur pour étancher notre soif d’absolu. VIVAT !

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Dimanche 17 mars 2019, deuxième de carême / Assumpsit Jesus… (Mt, 17, 1-9)

Jésus choisit 3 disciples et les conduit sur une montagne. Sa divinité jusque-là voilée par son humanité éclate au grand jour. Deux grands personnages de l’Ancien Testament l’encadrent : Moïse et Élie. Tous les deux ont vu Dieu sur une montagne : au Sinaï dans une nuée lumineuse, sur l’Horeb dans une brise légère.

Par sa Transfiguration, Jésus se dévoile dans sa gloire pour prévenir le scandale de son abaissement jusqu’à la mort, et la mort de croix (usque ad mortem, mortem autem crucis).

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Dimanche 10 mars 2019, premier de carême / In caritate non ficta… (2 Co, 6, 1-10)

Jésus est conduit au désert par l’Esprit. Le désert est un lieu d’épreuves.

Nous entrons dans un temps éprouvant : le carême. Un temps de 40 jours et 40 nuits. C’est au désert que le combat spirituel nous attend. Ce combat est un dépouillement radical : faire l’expérience de notre rien. Jusque dans l’expérience de la charité. Deus Caritas est. Dieu seul est charité. Solo Dios. Tout le reste est Caritas ficta. Une fiction de charité. L’Antechrist de la fin des temps singe la charité. Il essaie de nous prendre dans ses filets.

Le temps de carême nous permet de nous tourner vers l’essentiel et d’échapper aux pièges du diable : la charité au rabais qui se contente de la médiocrité. La vraie charité nous saisit totalement.

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Dimanche 3 mars 2019, quinquagésime / Verbum istud abscónditus ab eis (Lc, 18, 34)

Jésus invite les douze apôtres à monter à Jérusalem. Ils leur prédit ce qui va s’y accomplir le concernant comme l’ont annoncé les prophètes : il sera livré, moqué, couvert de crachats, flagellé,  mis à mort ; le troisième jour, il ressuscitera.

Verbum istud abscónditum ab eis… Les apôtres ne comprennent pas le sens de ces paroles des prophètes : elles sont énigmatiques. L’intelligence des douze est voilée : la chair et le sang les empêchent de saisir la portée de ces prophéties de la passion du Christ. Leur vue est courte : ils rêvent d’un libérateur politico-religieux temporel et triomphant.

Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! avait confessé saint Pierre.

Et nous, sommes nous prêt à monter à Jérusalem à la suite de Jésus ? Saisissons nous la portée des paroles prophétiques le concernant et nous concernant au premier chef ?

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Dimanche 17 février 2019, septuagésime / Ce rocher, c’était le Christ (1 Co, 10, 5)

Saint Paul se réfère ici à un épisode de la traversée du désert par les Hébreux sous la conduite de Moïse. L’eau venant à manquer, le peuple murmure contre Dieu et Moïse, leur guide. Alors Dieu dit à Moïse de frapper le rocher avec son bâton : l’eau jaillit et les Hébreux étanchent leur soif.

Ce rocher, c’est le Christ… Pourquoi ? Parce que Jésus nous accompagne aujourd’hui dans notre marche à travers le désert. Comment ? Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, selon le mot de l’Écriture : de son sein couleront des fleuves d’eau vive (Jn, 7, 37).

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Dimanche 3 février 2019 / Jésus apaise la tempête (Mt 8, 23-27)

Les disciples suivent Jésus dans la barque. Le vent se lève et la mer s’agite comme le monde qui soulève des tempêtes. Les disciples de Jésus donnent prise au vent et se laissent submerger par les vagues : ils sont intimidés par les facéties du monde. Jésus dort mais son coeur veille. Il est là, paisible, et c’est bien assez. Les disciples terrorisés le secouent. Jésus leur dit : Quidcumque timiditi estis ? La timidité et la peur… et il ajoute : Hommes de peu de foi. Alors, se levant, Jésus commande au vent et à la mer… Et il se fit un grand calme.

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Dimanche 27 janvier 2019 / Noli vinci a malo, sed vince in bono malum (Ro, 12, 21)

Noli vinci a malo (ne vous laissez pas vaincre par le mal !) nous dit saint Paul. Nous sommes trop souvent déstabilisés par le Malin. Pourquoi ? Parce que nous ne demeurons pas en Dieu : qui manet in caritate, in Deo manet, et Deus in eo. Si nous demeurons en Dieu, et Dieu en nous, nous ne rendrons pas le mal pour le mal. Dieu seul est juste.
Vince in bono malum (soyez vainqueur du mal par le bien) : pour cela il nous faut être habité par le bien. Ce bien, seul Dieu nous le donne en se donnant.

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Dimanche 20 janvier 2019 / Quand le vin s’épuise, invoquer Marie !

L’évangile des noces de Cana met Marie au centre Jn 2, 1-12. Pendant 30 ans Maria conservabat omnia verba haec, conferans in corde suo Lc, 2, 19 et 51 (Marie conservait toutes ces paroles, les repassant dans son coeur). Elle avait tellement médité ces paroles qu’aux noces de Cana Marie anticipe à la fois les besoins des convives et le premier signe* de son fils Jésus : ils n’ont plus de vin. Elle dit aux serviteurs : Quidcumque… Quoi qu’il vous dise, faites-le. C’est à nous aussi qu’elle s’adresse quand notre vin s’épuise…

*miracle du changement de l’eau en vin.

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Dimanche 13 janvier 2019 / Vere tu es Rex absconditus (Is, 45, 15)

Jésus enfant est un Dieu caché dans son humanité. Sa divinité est cachée à ses plus intimes, Marie et Joseph. Lorsqu’il se dérobe à leur vigilance (Lc 2 42-52) à douze ans, pour rester au Temple, Marie, étonnée, lui dit : Mon fils, pourquoi as-tu agi ainsi avec nous ? Il leur répond : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être aux choses de mon Père ? Marie et Joseph ne comprennent pas ce qu’il leur dit. Dieu conduit les êtres qu’il chérit le plus par des chemins surprenant pour les gens du monde. La mère de Jésus conserve toutes ces choses dans son coeur. La recherche de Jésus passe par des arcanes de souffrance bien mystérieuses pour ceux qui l’aiment. Et Marie ne connaîtra vraiment son fils qu’au pied de la croix, quand tout fut accompli. Vita nostra est abscondita cum Christo in Deo (notre vie est cachée en Dieu avec le Christ).

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[Extrait d’une lettre de soeur Marie du Saint-Esprit (25 janvier 2019). Le secret des sérénités profondes et durables : elles résident dans le détachement des réalités et des événements éphémères qui forment la trame superficielle de notre vie. Nous avons besoin d’autre chose. Nous portons en nous comme un germe primitif d’où part tout notre être et tous ses développements. C’est le don précieux que nous fait de lui-même « Celui qui Est ». Ce germe participe à son Immensité, à son Immutabilité. Quand nous nous détachons de tout ce qui passe et que nous descendons en ces profondeurs, en dehors de l’éphémère et du rien, nous trouvons la paix qui est SA PAIX : Pacem meam do vobis].

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L’Église elle-même est comme une fenêtre, le lieu dans lequel Dieu se fait proche et va à la rencontre de notre monde. L’Église n’existe pas pour elle-même, elle n’est pas un point d’arrivée, mais elle doit renvoyer au-delà d’elle-même, vers le haut, au-dessus de nous. L’Église est vraiment elle-même dans la mesure où elle laisse transparaître l’Autre – avec un « A » majuscule – de qui elle provient et à qui elle conduit. L’Église est le lieu où Dieu « arrive » à nous, et où nous, nous « partons » vers Lui ; elle a le devoir d’ouvrir au-delà d’elle même et de lui porter la lumière qui vient d’en-haut, sans laquelle il deviendrait inhabitable. HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI Basilique vaticane, dimanche 19 février 2012

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